top of page

Recherche

​

J'ai découvert la recherche lorsque j’étais étudiant vétérinaire à l’ENVA où j’ai entrepris une première thèse expérimentale sur la réalisation de biopsies abdominales échoguidées à une époque où l’échographie vétérinaire était une discipline émergeante et naissante en médecine vétérinaire des chiens et des chats. Cette première expérience m’a traumatisé, la quinzaine de chiens sur lesquels j’avais travaillé ayant été euthanasiés pendant l’été. J’avais alors appris avec effroi que ces si gentils chiens n’avaient personne pour s’occuper d’eux durant la fermeture de l’école au mois d’août : c’était la raison administrative de leur euthanasie. Et c’était la raison pour laquelle je pouvais donc les autopsier après avoir réalisé des biopsies sur eux tout au long de l’année. 

 

J’ai découvert avec effroi que pour permettre à la connaissance scientifique de « progresser », il était considéré comme normal, indispensable, inévitable, de mettre à mort des animaux. Faire de la recherche, faire de la science, repose sur l’expérimentation. L’expérimentation en recherche repose sur la mise à mort des animaux. 

 

J’ai eu d’autres expériences à l’école de Montréal où j’ai participé à plusieurs programmes de recherche : l’un sur les bélugas en baie du Saint-Laurent, l’autre sur des chiens Golden Retrievers (une douzaine) sur lesquels on posait des prothèses de valves cardiaques à la fin des années 80, début des années 90. 

 

Ma dernière expérience en recherche et en expérimentation animale eut lieu au début des années 90 dans un service des pathologies d’un prestigieux institut de recherche et hôpital de Montréal. Au terme de cette dernière expérience si douloureuse au cours de laquelle j’avais dû mettre un terme à la vie de plusieurs dizaine de rongeurs de laboratoire, j’avais déduit que malgré ma passion pour la science, je ne pourrai jamais être un chercheur car l’expérimentation animale me posait un conflit insoluble associé à la mise à mort des animaux utilisés. 

 

Dix ans plus tard, j’ai eu la chance extraordinaire de me lier d’amitié avec un scientifique, un chercheur, un éthologue primatologue renommé qui avait été recruté par l’ENVA pour enseigner l’éthologie aux étudiants vétérinaires. Cet homme à qui je dois tout s’appelle Bertrand Deputte et je fis grâce à lui cette découverte extraordinaire : en éthologie, on on’a pas besoin de mettre à mort des animaux pour faire de l’expérimentation et de la recherche. Bertrand Deputte a fait sa carrière en tant que chercheur en primatologie : un primatologue peut mener ses recherches en milieu naturel mais aussi en laboratoire, ce qui l’oblige alors à élever et héberger des colonies d’individus sauvages mais captifs. 

 

En m’emmenant en 2008 au Canine Science Forum (1ère édition), Bertrand Deputte m’a permis de faire cette découverte extraordinaire : quand on fait de la recherche en animaux de compagnie, nul besoin d’élever et d’enfermer des animaux. Il suffit de faire appel aux propriétaires des animaux en leur demandant s’ils acceptent de se livrer à des expérimentations non invasives, non douloureuses et non stressantes. Je n’aurai jamais assez de gratitude pour Bertrand Deputte qui m’a fait découvrir qu’on pouvait être passionné de sciences, se livrer à des expérimentations sans contribuer à leur souffrance et encore moins à leur mise à mort. 

​

Thierry Bedossa

​

​

bottom of page